Cest pour un bien commun quun Dieu vange un outrage ; ondes, comme un plongeur, la tête la première, et la vie, labandonne. 2 Cet ancrage nempêche pas que lunivers dans lequel Ulysse évolue soit merveilleux : univers où les dieux interviennent, où une tempête signale la colère de Poséidon, une biche laide dAthéna Circé, où lon croise les monstres les plus variés comme les Sirènes à la voix mortifère, où lentrée du palais dAlcinoos est constituée de sculptures de chiens animées. On préfèrera le terme de merveilleux, puisque ces éléments étranges sont acceptés comme tels : Ulysse les présente comme vrais et ils ne sont pas remis en cause par les auditeurs du discours, les Phéaciens. Rappel : la notion littéraire de fantastique est différente car elle suggère un doute entre une interprétation réaliste et surnaturels de phénomènes étranges cf La Peur de Maupassant : http:www.bmlisieux.comlitteraturemaupassantlapeur.htm. La Marquise de Rambouillet accepta même dêtre la dédicataire de sa Porcie romaine, et Boyer lui rendit un hommage des plus élogieux. La pièce fut représentée au Théâtre de lHôtel de Bourgogne et daprès labbé Genest, elle enleva tout Paris. Boyer reçut alors lamitié et lestime de personnes importantes dans le monde des lettres, parmi lesquelles Chapelain quil côtoyait dans le salon de la Marquise de Rambouillet. Ce dernier loua la Porcie romaine et peu à peu Boyer devint son protégé. Après ce premier succès, Boyer créa plusieurs autres pièces dont La Sœur généreuse une tragi-comédie de 1646 puis deux tragédies en 1647 : Porus ou la Générosité dAlexandre et Aristodème. En 1648 il écrivit une dernière tragédie, Tyridate, avant de sessayer à la tragi-comédie à machines avec Ulysse dans lisle de Circé ou Euriloche foudroyé, qui sinscrivait dans les goûts de lépoque et pouvait garantir un certain succès. Après cette pièce, Boyer ne revint pas au théâtre avant 1659 avec une nouvelle tragédie, Clotilde, dédiée à Fouquet, qui faisait figure de mécène. Cette longue absence peut être expliquée par les évènements de la Fronde, qui interrompirent la carrière de nombreux dramaturges. Peu de documents nous informent sur les activités précises de Boyer tout au long de ces onze années. Daprès les archives notariales dAlbi, Boyer vécut quelque temps chez Gédéon Tallemant des Réaux, décrit comme le patron des gens de lettres. Ce dernier grâce à des liens familiaux, puisquil était lépoux dElisabeth de Rambouillet, était lui aussi admis à lHôtel de la Marquise, et fut nommé en 1637 conseiller au Parlement de Paris puis maître des requêtes en 1640. Un document officiel évoque sa présence le 2 décembre 1656 à une cérémonie démancipation où Boyer fut appelé à la suitte de Monsieur de Taleman dont il était au service. Cest afin déviter que sa fortune ne soit dilapidée, du moins éparpillée, par ses frères que Boyer sest fait émanciper : de Scylla doù lexpression tomber de Charybde en Scylla. Après de tous ses ennemis, Ulysse pria quon appelle Pénélope. Celle-ci sapprocha de
Dès lors, la cause dUlysse est gagnée dans la tradition philosophique, Quoi quil en soit, ce sont des êtres surnaturels. Et cest en tant que monstres que les Sirènes inquiètent et fascinent à la fois, leur trait caractéristique étant lambiguïté. Elles exercent une tentation destructrice et irrésistible sur ceux qui les écoutent, les captivent par leur pouvoir de séduction et, dune manière ou dune autre, les conduisent à leur perte. Séduire seducere, cest conduire à soi : la Sirène, par son chant, absorbe, consomme la substance vitale de ses victimes. Cette légende fut utilisée par Proclus dans son Commentaire de La République éd W. KROLL, B.T, II, p. 239; tr. Et notes de A.J. FESTUGIÈRE, Paris, Vrin, t. III, 1970, p. 195 : Il est commun à toutes ces races de Sirènes de produire un accord de lordre du corporel alors que les Muses donnent en présent surtout laccord intellectif, cest pourquoi elles sont dites lemporter sur les Sirènes et se couronner des plumes de Sirènes. Elle viendrait dun toupet de plumes porté par les Muses sur quelques représentations alexandrines. Ce toupet était identifié comme linsigne de victoire des Muses sur les Sirènes. Sur le texte le plus explicite : Steph Byz, Ethn, s V. Aπτερα éd A. MEINEKE, p 107. Voir not. Le sarcophage New York, The Metropolitan Museum of Art, Rogers Fund 1910, inv N10.104 où se trouve représentée la joute musicale Ill 25. Evoquer le refus de limmortalité par Ulysse. Et pourtant, il a déjà parcouru les Enfers et il sait à quel point cest horrible! les héros qui se distinguent par leur dimension humaine, avec tout ce que cette Ces horribles monstres sont situés dans le détroit de Messine, entre la Sicile et lextrémité de la botte italienne. Cest un secteur où la navigation est difficile à cause des courants violents. Lîle de Thrinakié et les bœufs du Soleil Lépouse. Se basant sur le fait quen labsence dUlysse, une troupe de On voyait plusieurs de ces rois sévèrement punis, non pour les maux quils avaient faits, mais pour les biens quils auraient dû faire. Tous les crimes des peuples qui viennent de la négligence avec laquelle on fait observer les lois étaient imputés aux rois, qui ne doivent régner quafin que les lois règnent par leur ministère. On leur imputait aussi tous les désordres qui viennent du faste, du luxe, et de tous les autres excès qui jettent les hommes dans un état violent et dans la tentation de mépriser les lois pour acquérir du bien. Surtout on traitait rigoureusement les rois qui, au lieu dêtre de bons et vigilants pasteurs des peuples, navaient songé quà ravager le troupeau comme des loups dévorants. Retentit jusquà la mer et qui résonne de rocher en nexiste pas p 358. Sa fiction repose sur lidée Lhumanisme, on le sait, est un mouvement littéraire et culturel du XVIème Siècle. Mais ce terme désigne au sens large la valorisation de tout ce qui contribue à laccomplissement de lhumanité. La célébration de vertus dhospitalité par exemple dans l Odyssée. La vision pénétrante inclut la réalisation des Cinq connaissances : celle de la totalité des choses dans et à travers leur essence, celle de toutes les choses exactement comme elles sont, sans aucune subjectivité la Connaissance du miroir, celle de leur identité absolue, celle de leur différence dans lunicité, celle qui accomplit dans lexactitude. Cest aussi ce quillustre la scène symétrique de lépisode Pour la troisième question, on demanda lequel des deux est préférable : dun côté, un roi conquérant et invincible dans la guerre ; de lautre, un roi sans expérience de la guerre, mais propre à policer sagement les peuples dans la paix. Il fait signe à Tytide, et dit : Vois ce guerrier
La création et le regard sont au cœur des ces deux séquences, avers et le revers dune même scène, parodie et inversion lune de lautre, chacune procédant selon un montage alterné de plans où lon appréhende successivement le film projeté sur lécran et le regard des spectateurs, le visage de Michel-Ange, observateur inculte et crédule, ou de Fritz Lang, créateur esthète. Les deux scènes orchestrent une métaphore du regard du spectateur, que le cinéaste place au creux du sien propre, désir érotisé et voyeur, avec la représentation de la femme nue qui déclenche lexcitation de Michel-Ange dans Les Carabiniers ou lhilarité de Prokosch dans Le Mépris, donc pulsion originelle, quil faut soumettre à la modification artistique, celle de Fritz Lang, démiurge impassible, qui métamorphose la concupiscence en puissance de limaginaire. Ces deux scènes nous offrent des premiers regards désirant, mais ne possédant pas de manière égale la maîtrise de lart de la substitution, propre au cinéma, quévoquait la citation dAndré Bazin : lœil naïf de celui qui découvre la fiction devient lucidité créatrice chez le cinéaste allemand qui, portant son monocle, visionne pour la première fois ses rushes. Dans un cas comme dans lautre, les films dans le film sont des mystifications : Godard fabricateur rusé de plans premiers est lauteur des rushes de l Odyssée comme des vues Lumière qui fascinent Michel-Ange. Il nous place dans une intelligence du cinéma par un décalage de références, rejoue lancien pour mieux le penser et le faire vivre. Godard nous initie à lart du détour, art de limage, art de lénigme. Il faudra attendre le dénouement du Mépris pour accéder au premier regard dUlysse, pour quil ny ait plus rien qui ne fasse écran, sinon le désir impérieux de posséder une origine fuyante, pulsion paradoxale du cinéaste. A lironie à lœuvre dans Les Carabiniers, répondra lart surnaturaliste de Fritz Lang dans Le Mépris. Après que le héros se fut baigné, Nausicaa vint lui faire ses adieux en lui disant quil lui devait le prix de son salut. Ulysse lui répondit quil la prierait chaque jour comme une déesse. Puis il souhaita honorer laède et lui demanda de conter lhistoire du cheval de Troie. Comme Démodocos sexécutait, Ulysse ne put retenir des larmes. Le roi Alcinoos sen aperçut et fit cesser le chant. Puis il demanda au héros son nom, ses origines, le récit de ses aventures et la contrée où devraient le conduire les navires phéaciens. Ces vaisseaux doués dintelligence voguaient sans pilote et sans gouvernail, connaissant les pensées et les sentiments des hommes, les cités et les campagnes, sans craindre ni les avaries ni la destruction quand ils faisaient la traversée sur le gouffre des mers.