A partir du IVe siècle, le martyre de saint Julien, protecteur de lAuvergne, et le pèlerinage qui sensuit sur sa tombe donnent à la ville une dimension de capitale régionale religieuse et politique. Sous la protection dune double ceinture de remparts médiévaux, chanoine comtes, nobles, bourgeois et manants ont construit des demeures encore bien conservées : maisons romanes, maisons à pans de bois et hôtels particuliers classiques.. Dans limmeuble du doyenné on peut admirer un plafond armoirié du XIIIe siècle. 130Comme on la dit précédemment, lhémicycle de Notre-Dame-du-Port compte quatre chapiteaux historiés et quatre chapiteaux végétaux fig 150. Les deux séries ne se suivent pas, ni nalternent régulièrement. Lensemble obéit à une ordonnance complexe et asymétrique. Au nord-est, un premier chapiteau historié, consacré au combat des Vices et des Vertus, est encadré par deux chapiteaux végétaux le codage synthétique Vu permet de le repérer sur la cartographie. Plus à lest, trois chapiteaux historiés consacrés à lopposition entre Ève et Marie sont contigus on souligne, sur la cartographie, lopposition entre lAncien et le Nouveau Testament. Enfin, au sud, deux chapiteaux végétaux sont placés côte à côte. Les chapiteaux végétaux jouent ainsi un rôle de délimitation : deux dentre eux sont placés aux extrémités de lhémicycle, les deux autres encadrent ou séparent les deux parties historiées bien distinctes. Pour les différentes hypothèses relatives aux porteurs de moutons, voir le chapitre V, consacré à Chanteuges. Dans sa thèse Notre-Dame-du-Port, op Cit, L. Cabrero-Ravel a établi une série de schémas de répartition des chapiteaux codifiés par de petites marques de couleurs, des sigles et des lettres. Le plus général fig. 207 embrasse tous les chapiteaux, végétaux ou non, du rez-de-chaussée, qui sont distingués daprès leur taille grande ou petite, le nombre de couronnes, la présence de feuilles dangle, et celle de motifs non végétaux ou de figures un même chapiteau pouvant avoir plusieurs de ces caractères ; un autre fig. 458 se concentre sur les chapiteaux végétaux du même étage qui sont classés en neuf catégories daprès les formes de la digitation, celles des lobes et dautres découpes des feuilles dacanthes ; ce qui nentre pas dans ces distinctions étant regroupé sous le nom de feuilles atypiques. La même chose est faite pour les tribunes, les parties hautes, les chapiteaux extérieurs. Quelque soit la valeur informative de ces schémas, leurs critères sont inutilisables dans notre typologie car ils sont trop hétéroclites, trop différenciés morphologiquement et donc trop nombreux ou peu pertinents comme la taille ou le caractère atypique ; leur dispersion ne permet pas détablir une cartographie cohérente mettant en lumière en quoi il y a un agencement densemble par-delà les différences formelles importantes. 66Parmi les oiseaux, une espèce doit faire lobjet dun traitement particulier. Il sagit de laigle, dont les apparitions sont tout à fait singulières. Cet animal, présent à plusieurs reprises à Mozat et Brioude et surtout à Orcival où on le rencontre à 22 reprises, est lun des plus fréquemment représenté dans les églises dAuvergne : parce quil est le plus prestigieux des oiseaux, et peut-être parce quil évoque les figures romaines de laigle impérial, sa représentation possède une positivité intrinsèque une positivité qui nest pas morale, mais relève plutôt de lévocation dun passé glorieux, de lappropriation dune image prestigieuse issue dune Antiquité dont les restes foisonnaient dans la région. 160Autre différence, la glorification de larchitecturation du sacré est moins poussée à Notre-Dame-du-Port quà Saint-Nectaire. On retrouve certes, dans lédifice clermontois, le donateur laïque apportant sa contribution à lédification matérielle de léglise, sous lespèce dun chapiteau amplement végétalisé. La valeur salvifique de ce geste y est peut-être même affichée avec plus dinsistance encore quà Saint-Nectaire, puisque Stefanus écrase le vice sous ses pieds et touche le livre tenu par lange, qui renvoie au Livre de vie figuré sur le chapiteau de lAssomption de Marie. Par ailleurs, le Temple-église terrestre où officie Zacharie et léglise céleste à laquelle la Vierge ouvre laccès jouent un rôle décisif, puisquils produisent, grâce à leurs similitudes formelles et à leur disposition symétrique, un puissant dispositif venant encadrer les forces vitales de la Création. Ces deux architectures jouent un rôle stratégique majeur dans lopération de relève que met en séquence le décor sculpté : cest par le biais de larchitecturation de l Ecclesia que peut saccomplir le passage de la vitalité du monde créé voulue par Dieu et dotée dune positivité certaine à la Vie céleste dotée dune perfection bien plus complète. En même temps, le réseau dimages associées à larchitecturation du sacré se déploie à Saint-Nectaire avec une ampleur plus considérable encore. Cette problématique massive est amorcée par la ligne noire qui, sur la cartographie synthétique fig. 67, court à travers la nef et qui ne figure pas sur celle de Notre-Dame-du-Port on y retrouve certes les chapiteaux-bases du narthex, mais il ny a pas délément relais dans la nef. Soulignons à nouveau, au regard de la question de lanimation vitale de lédifice de pierres, la force stupéfiante dun chaînage qui place, dans le narthex, le rappel de cette matérialité strictement minérale que le décor vient vivifier et sublimer, puis, à la porte sud, une scène évoquant pour lexorciser la possibilité dune transmutation maléfique de la pierre, avant dafficher, dans le sanctuaire, lordre des transformations légitimes. A Saint-Nectaire, il sagit manifestement de construire un dispositif tout entier orienté vers lauto-glorification du bâtiment même où figure le décor et où repose le corps du saint, alors que la question de larchitecturation du sacré semble posée, à Notre-Dame-du-Port, sur un plan plus général. Vers 1170, une Vierge en majesté, à laquelle on prêtera plus tard un pouvoir thaumaturge, est réalisée en noyer, argent et argent doré. La présence de reliques de la Vierge arrivées de Pont-lAbbé a conduit à lémergence dun pèlerinage, dont limportance grandissante au XIII e siècle a contribué à la fondation dun chapitre. Histoire, patrimoine et architecture : déambulations Le patrimoine roman, interrogé dans son profond silence, constitue un riche document dhistoire. En 2005, une exposition au Musée du Louvre 9 mars-6 juin a ainsi entrepris de célébrer la France romane. D anielle Gaborit-Homme contorsionné au visage impassible chapiteau 75 Le Centre Diocésain de Pastorale est un lieu de rencontre pour les membres des nombreux mouvements et services qui y tiennent leurs permanences, et entre les nombreux chrétiens du diocèse qui sy retrouvent souvent à loccasion de réunions de réflexion, de formation, et déchanges. En 816, des moines bénédictins venus de Charroux dans le Poitou, et fuyant les invasions normandes, se réfugient à Saint-Yvoine. Lun dentre eux, nommé Gislebert, se rend à Issoire et décide de reconstruire lancien monastère de saint Austremoine. Le nouveau monastère sera consacré en 937 par Bernard, évêque de Clermont, sous le double vocable de Saint-Pierre et de Saint-Austremoine. Puis, vers le milieu du XIIe siècle, les moines décident la reconstruction complète du monastère et de son abbatiale, à limage des autres églises majeures déjà édifiées. Cest le monument que nous pouvons admirer aujourdhui. En 2019, le Département du Puy-de-Dôme sen est porté acquéreur, dans lobjectif de protéger les richesses quil abrite tout en permettant à tous den profiter avec tout le respect quil mérite! 193 J. Wirth, Limage, op Cit, p. 324 lexpression génie ailé se trouve p 280. 107 Z. Swiechowski note avec pertinence que la radicalisation morale de cette image dans léglise de Dr A lépoque néolithique, un dolmen en granit fut érigé sur le Mont Cornadore. Prospère Mérimée, Inspecteur des Monuments Historiques, décrit ce dolmen en 1837 dans ses Notes dun voyage en Auvergne. Selon une légende, des fées résidaient dans les grottes du mont, déjà nommé Cornadore lorsque saint Nectaire, disciple de saint Austremoine, prêcha la foi de Jésus à la fin du IIIe siècle. Accompagné des prêtres Auditor et Baudenius, Il y fit bâtir une première église qui accueillit ses reliques après sa mort. Claire Lotiron est musicologue, professeur agrégée au sein du département de Musicologie de lUniversité de Poitiers.